samedi 13 mars 2010

Stage culturel à Paris / Jour 9

Dernière vraie journée à Paris. Pas la meilleure cependant. La matinée est libre au moins. Une cohorte de stagiaires — porteuses du chromosome S (pour Shopping) — se lance à l’assaut des grands magasins, les célèbres Galeries Lafayette au premier chef, pendant que les chromosomes X (pour eXtrême?) partent de leur côté et que les accompagnateurs vont faire du repérage à la Cinémathèque. 

Nous nous étions donné rendez-vous à 14 h à la Bibliothèque nationale de France (François-Mitterrand ou encore Tolbiac pour les intimes) dans Bercy, un coin plus moderne de Paris. Quatre grandes tours en formes de livres aux quatre coins d’une vaste esplanade en bois. On est censé y avoir une visite guidée de ce haut lieu du patrimoine français. Mais ça s’avère un non-lieu de la visite guidée, une catastrophe, une séance de torture de près de deux heures. M. Collins, notre guide, est un guide qui ne devrait pas être guide : on devrait le guider vers la sortie des guides pour qu’il ne soit plus guide! On a passé 40 minutes (!) debout autour d’une maquette de la BNF pendant que M. Collins bafouillait de digression en digression à propos de l’histoire de la bibliothèque. Après 20 minutes, on en était à 1637… alors que cette nouvelle BNF a été ouverte en 1995! On a passé ensuite un autre 10 minutes devant un panneau indicateur : la section A, c’est pour les livres sur…; la section B, c’est pour… jusqu’à K (sans compter Y!). On a appris notamment qu’il y a des insectes dans le jardin central de la bibliothèque. Intéressant, non? Bref, l’expérience a été très douloureuse, un peu comme aller chez le dentiste se faire arracher toutes les dents une après l’autre (au ralenti). Heureusement qu’on a vu les impressionnants globes de Louis XIV et les coulisses de la BN où de petits conteneurs (alias Télédoc) transportent les livres sur des rail suspendus entre les tours et les espaces de lecture. On a aussi vu les immenses salles de lectures de la recherche au rez-de-jardin : près de 300 mètres (la Tour Eiffel!) de tables et de rayonnages. Impressionnant. Dommage que, rendus là, nous étions dans un état proche de la catatonie.  Au secours!

Nous devions ensuite nous précipiter pour se préparer à sortir au célèbre théâtre de La Cartoucherie pour voir une petite pièce de 4 heures de la mythique troupe du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine. Le Chef et l’Éclopée se rendent d’abord au Centre paramédical de matériel médical place St-Michel pour remettre le fidèle fauteuil roulant de Geneviève (le 2e vu que le premier avait été un peu abîmé par les pavés). On se retrouve à la MIJE pour le départ de notre aventure théâtrale qui sera effectivement très théâtrale. Au bout de la ligne de métro 1, à la station Château-de-Vincennes, on est censé prendre une navette qui nous amènera en ce lieu excentrique (dans les deux sens du mot). À l’arrêt, notre Maman à tous aura la joie de rencontrer une charmante vieille dame (voir « La citation du jour » plus bas).

Une fois dans la navette, on vivra notre première expérience théâtrale : on a à peine fait 100 mètres, on est arrêté à l’arrêt (bonne idée, non?) sur le coin de la première rue. On est presque tous assis dans les deux dernières rangées de la navette (un vieil autobus blanc) quand, soudainement, un autobus municipal de la ville de Paris (RATP) nous rentre violemment dans le derrière! Paf! Le pare-brise du bus de la RATP est fracassé et nous, on est secoués. « Vous êtes abîmé(s)? » demande une voix dans la navette bondée. On ne sait pas si ça concerne les gens ou le véhicule. Le chauffeur va s’engueuler avec l’autre chauffeur. Nous, nous devons tous descendre et marcher jusqu’à la Cartoucherie : un bon 15 minutes de marche dans la forêt avec notre Éclopée devenue orpheline de son fauteuil roulant. On la portera pour un petit bout, mais elle y arrivera par elle-même à force de courage.

La Cartoucherie est un endroit magique. De vieux bâtiments, semblables à des casernes ou des granges, sur un ancien champ de tir de l’armée française, ont été repris en main par des troupes de théâtre (le célèbre Théâtre du Soleil d’abord en 1970, puis d’autres troupes : L’Épée de bois, La Tempête…). La réputée metteure en scène, Ariane Mnouchkine, déchire elle-même les billets à l’entrée. Une immense salle nous attend où des centaines de gens sont en train de manger et de boire. Derrière un long comptoir, des acteurs de la troupe (maquillés parfois) nous servent des plats, du pain, du vin, du bonheur… On mange et on boit, assis à gauche et à droite, par terre pour certains, en observant la foule bigarrée de cet endroit enchanteur où la musique, la lumière, créent une ambiance de fête. Puis on se dirige à nos places dans les estrades, sous lesquelles on peut voir les acteurs en train de se maquiller, de s’habiller, de se préparer à la vue de tous. Le spectacle commence en douceur dans la pénombre, puis la lumière vient et l’on voit cette immense scène (un bon 60 m par 60 m) se remplir peu à peu de décors et d’acteurs les plus divers (plus de 30!) habillés à la mode du début du 20e siècle. La pièce, Les naufragés du Fol espoir, librement inspiré d’un roman posthume de Jules Verne et écrite par Hélène Cixous, raconte l’histoire de cinéastes utopistes du temps du muet qui tournent un film au-dessus de la guinguette d’un certain Félix Courage (un noir rigolo… joué par une actrice). La pièce oscille entre le temps du tournage (juillet 1914, juste avant le début de la première Grande guerre) et les scènes du film muet qui se déroulent en 1894 où un ballet complexe de décors magnifiques, d’éclairages étonnants et d’effets spéciaux viennent transformer constamment le paysage de cette histoire qui raconte une aventure incroyable survenue à la suite d’un naufrage près du Cap Horn. Ce serait trop long à raconter… du fait notamment que la pièce était un peu trop longue. Après une première partie fabuleuse, le récit s’essouffle un peu à la fin et l’apothéose finale nous envoie un gros message sur la poursuite du rêve européen de socialisme et de pacifisme universels... Mais bon, on ne s’en plaindra pas, on n’a rien contre la vertu, et on vient de vivre une expérience théâtrale hors de l’ordinaire qui nous accompagnera sur notre trajet de retour dans la navette (un peu endommagée mais encore fonctionnelle), puis dans le métro où un jeune Roméo parisien passablement éméché chante la pomme à notre petite Joanie (alias Juliette).

Voilà, tout est bien qui finit bien! Les stagiaires du Fol espoir sont arrivées à bon port... ou presque.

On a une courte nuit, ponctuée sans doute de rêves de nos aventures parisiennes. Le lendemain matin, pendant notre dernier petit dej pain-au-chocolat-tartine, nos charmants stagiares présentent à leurs accompagnateurs de belles cartes signées, accompagnées de délicieux cadeaux (des terrines, des pâtés,du chocolat! Miam). Ils sont gentils, non? La Maman et le Chef sont touchés.

On repart ensuite avec nos gros bagages dans le métro, puis dans le Roissy-bus en direction de Charles-de-Gaulle. C’est là que j’écris ces dernières lignes, à quelques minutes de l’embarquement pour le vol AF 344 en direction de Montréal.

Photos du jour



M. Collins notre guide à la BNF
(qu'on aurait aimé mettre dans un de ces petits
conteneurs de Télédoc pour l'envoyer faire un tour
dans les tours)

Les fameux "globes de Louis XIV" à la BNF

Les quatre tours-livres de la BN Tolbiac
vues de la passerelle Simone de Beauvoir

L'autobus de la RATP qui a percuté notre navette
 
Benoît (alias Barbe Rousse)
aux portes de la Cartoucherie

Devant le Théâtre du Soleil au coucher du soleil

La Maman rayonnante et ravie d'être au soleil du théâtre

La petite "salle à manger" du théâtre

Le ventre de Benoît va mieux
(même s'il est à terre)

Les acteurs se préparent sous les estrades

L'affiche de la pièce
(dont on ne pouvait prendre des photos, désolé)

La citation du jour

Il est 18h05. On attend à l’arrêt de la navette pour aller au théâtre de La Cartoucherie. Une vieille dame tout menue et très chic nous dit que les navettes ne commencent qu’à 18h30. Une dame lui dit que non. Pascale essaie de lui expliquer gentiment (mais quelque peu maladroitement) pourquoi les navettes  de ce théâtre risquent de venir plus tôt. La vieille chipie rétorque sèchement :

« Votre explication n’est pas valable, MADAME! » Puis elle se retourne brusquement, laissant Pascale un peu (beaucoup) sonnée. Et vlan dans les dents.

La gaffe du jour

De s’être assis dans la rangée arrière de la navette des théâtres de La Cartoucherie, ce qui faisait qu’on était vraiment aux premières loges quand le bus de la RATP est venu percuter notre navette. Bang! Aïe…

Distance parcourue


26 mille et qq pP les deux derniers jours (on ralentit!) toujours selon le podomètre officiel de la Maman. (Plus quelques  milliers de kilomètres dans un Airbus 340 le lendemain.)

vendredi 12 mars 2010

Stage culturel à Paris / Jour 8

La fin des temps approche, du moins la fin de notre temps à Paris. On a décidé de terminer ça royalement en cette avant-dernière journée: à Versailles, dans ce petit pavillon de chasse de Louis XIII devenu incarnation de la puissance absolue sous Louis XIV, le Roi Soleil ayant décidé de rayonner par l’architecture, les arts et les jardins (sans compter l’armée et les impôts…). Construit par les architectes Le Vau et Hardouin-Mansart, décorés par une (autre) armée d’artistes et d’artisans sous les ordres de Le Brun, avec ses immenses jardins dessinés par Le Nôtre, Versailles en met plein les yeux de nos stagiaires habitués à l’architecture et au décor « un peu » plus ternes du Collège de Maisonneuve…

La Chapelle, le Salon d’Hercule, les Grands Appartements, l’Appartement du Roi, l’Appartement de la Reine et, surtout, surtout, la Galerie des Glaces restaurée dans toute sa décadente splendeur de dorure et de lumière, de peinture et de sculpture, de lumière et de dorure en hommage à la toute puissance de celui qui a dit « L’État, c’est moi. » : tout cela nous laisse baba d’émoi. Au bout de près de deux heures, on sort donc de crainte d’être victime du syndrome de Stendhal. Benoît, quant à lui, continue de souffrir d’un syndrome gastrique (trop de saucisson?) qui le rend tout pâle et tout faiblard, ce qui l’oblige à nous quitter pour retrouver son lit à la MIJE…

Nous, on va se restaurer dans les Jardins. Il fait encore assez frisquet (Moins qu’hier Pascale? - Non!). On essaie donc de rester dans l’Axe du Soleil pour manger discrètement nos sandwichs jambon-beurre (dans le Bosquet de Girandole), puis on se balade dans les Jardins où toutes les fontaines sont vidées (hiver oblige) et presque toutes les statues sont couvertes (hiver désoblige). Dommage! On prend un café dans un sympathique café avec vue sur le char d’Apollon et on repart de plus belle pour longer le Grand Trianon et visiter le Petit du même nom où Marie-Antoinette prenait ses aises. Très charmant, mais plus rien ne nous épate après le château!

On y retourne donc au plus vite, car on a des billets pour un concert baroque dans la Chapelle royale, rien de moins. Pour les Jeudis musicaux du Centre de musique baroque de Versailles, le jeune ensemble Actéon a concocté un programme sur les « Goûts réunis » de Marc-Antoine Charpentier et de possibles influences italiennes connues et moins connues (Allegri, Foggia, Lorenzani, Carissimi, Scarlatti, Graziani) : orgue, théorbe, clavecin, violoncelle se conjuguent aux quatre voix des jeunes chanteurs qui tressent d’envoûtants motets à deux, trois ou quatre voix. (Le Chef s’entiche d’ailleurs d’une de ces voix qui sort de la jolie bouche d’une chanteuse dont le visage s’illumine d’un sourire mille fois plus rayonnant que le Roi Soleil!) Un spectacle bien trop court, pense le Chef… opinion que ne partagent pas tous nos jeunes spectateurs. On repart donc vers le RER pour retourner à Paris faire la fête, comme on faisait autrefois à Versailles (bien qu’avec un peu moins de faste, budget oblige).

Photos du jour
 
En route pour la Cour de Versailles


Louis XIV et nous

La Reine mère (alias la Maman)
Babette devant LE lit King size

Joanie devant le lit Queen size

Des courtisanes dans la Galerie des Glaces

Greta dans l'Axe du Soleil

Des danseuses (attention Apollon arrive!)

Christo est passé par les Jardins?

Un café (ou une bière) dans les Jardins

Une Éclopée heureuse

Des Favorites devant le Grand escalier du Petit Trianon



La citation du jour

Entendu par Émilie dans les toilettes du Café des Phares dans la soirée de la part d’une jeune fille se mirant dans le miroir :
« Eh! Les filles, vous ne trouvez pas que j’ai une gueule de merde? »

La gaffe du jour

Nous, faire des gaffes? Ça va pas, non? Vous vous foutez de notre gueule? Eh! Mais, dis donc, on dirait qu’on a perdu notre charmant accent du Québec…. Yé temps qu’on r’vienne?
Encore un jour (sans gaffe?)

Distance parcourue

Grande (mais surtout en métro et en RER, alors on ne compte pas les pP, quoique dans les jardins, tout de même, on s’est tapé un beau parcours… accéléré pour revenir à temps pour le concert. Ils avaient des chevaux à l’époque.)

jeudi 11 mars 2010

Stage culturel à Paris / Jour 7

Le temps file encore plus vite qu’hier, tellement qu’il nous mène droit vers la mort, rien de moins! Le programme du jour inclut en effet une visite du cimetière Père-Lachaise, suivie d’une plongée dans les Catacombes de Paris! Heureusement qu’il fait soleil. Peut-être même un petit peu plus chaud (bien que la Maman conteste cette évaluation qui me paraît pourtant scientifique).

Dans le métro, on distribue des citations d’écrivains enterrés au Père-Lachaise : il s’agit d’écrire des textes inspirés par ces citations pour un petit concours littéraire, sauf qu’on ne fera pas l’exercice sur place comme l'année dernière (pour éviter les engelures...) Rendus au cimetière, on se sépare à la recherche de célébrités refroidies : Balzac, Lafontaine, Molière, Rossini, etc., mais surtout le roi du Père-Lachaise (selon le vendeur de journaux du coin), Jim Morrison (dont le Chef devait absolument photographier la tombe pour sa fille). On se balade dans cette nécropole pavée de gros… pavés : le bonheur, encore une fois, pour une jeune fille en fauteuil roulant et pour ceux et celles qui la propulsent. Mais bon, les autres s’amusent à côtoyer les morts célèbres et moins célèbres. Émilie et Mireille choisissent d’ailleurs volontairement d’honorer les illustres inconnus plutôt que les chouchous de la gloire éternelle.

Après plus d’une heure de balade devant ces pierres tombales, gisants, monuments, mausolées qui se parent de façades, de bustes et d’ornements qui paraissent s’écrier : « Mon tombeau est plus gros et plus beau que le tien, na na na nanère… », on décide de se rendre à notre prochaine étape mortelle, à l’autre bout de Paris, là où toutes les façades, toutes les parures, tous les pseudo-temples à la gloire personnelle et familiale s’effondrent pour faire voir les ossements à l’état brut… bien qu’on les ait arrangés parfois dans des motifs esthétiquement surprenants : rotondes de tibias, murs de crânes, bouquets de fémurs… L’auteur de ce blogue n’a pas eu la « chance » (voir la gaffe du jour) d’entrer dans ce royaume des morts un ossuaire qui compterait pas moins de 6 millions d’habitants déterrés du Cimetière des Innocents et de nombreux autres pour faire de la place au cœur de Paris, mais il s’agissait, selon les témoignages recueillis, de toute une expérience! À tel point que la Maman a constaté que les gens remontaient les marches très, très vite rendus au bout du parcours…

Retour à la vie donc! Le reste de l’après-midi et de la soirée était libre. Certaines en ont profité pour faire de shopping. D’autres ont suivi la Maman dans Montparnasse (avec arrêt à la célèbre Coupole), au musée Bourdelle (pour voir exposition sur la célèbre danseuse Isadora Duncan, celle qui avait un foulard trop long…), puis au Monoprix pour acheter des cadeaux (pour vous?). Enfin, un dernier s’est installé à une terrasse face à Beaubourg pour écrire des entrées de blogues… En soirée : cinéma pour certains, repos pour d’autres, souper avec sa cousine pour le chef dans un sympathique resto du 17e,  « La maison de campagne ». Demain on va justement visiter la petite maison de campagne de Louis XIV…

Photos du jour

Geneviève a pigé une citation de Colette
(qu'elle rencontre ici pour la première fois)

Babette et Rossini

Jérôme retrouve Charles Garnier
(oui, oui, celui de l'opéra)

La Lumière au bout du tunnel?

Des hôtes accueillants

Un mur tapissé à l'os!

La photographe officielle du royaume des ombres, Mariève

La citation de tous les jours (dialogues)

- « Au moins, on ne sue pas! » répète constamment Le Chef.
- « Grrrrrr… » grelotte la Maman.
- « On dirait qu’il fait un peu plus chaud aujourd’hui. » ajoute Élisabeth.
- « Tu dis ça tous les jours! » re-grogne la Maman en frissonnant.

La gaffe du jour

Pour visiter les Catacombes, il faut descendre 7 étages d’un escalier très étroit, marcher 2 kilomètres à travers des montagnes d’ossements et remonter de nouvelles marches à l’autre bout. Bref, les « personnes à mobilité réduite » n’y sont pas admises (à moins d’être déjà mortes).
Mais bon, cela nous a permis d’aller faire remplacer le fauteuil roulant de notre sympathique Éclopée, vu que le dit véhicule avait été quelque peu abîmé par nos excursions extrêmes.

Distance parcourue


On ne compte pas les pas dans l'Au-delà!

Stage culturel à Paris / Jour 6

Le temps file… et il reste glacial. Mais on s’en va à l’opéra! Bon, vous aurez deviné qu’à cette heure, on y va pour le visiter, pas pour en voir (et encore moins en chanter… d’autant plus que l’opéra Garnier sert surtout pour des ballets maintenant). On attend donc derrière l’opéra pendant plus de 15 minutes que se pointe notre guide « Purple Beam » : on a peur de voir arriver Hakim avec son casque de moto (voir Jour 2), mais non, la Maman appelle l’agence et on apprend qu’il fallait attendre à l’intérieur, au chaud, là où nous attendait déjà notre guide, Aurore (ni enfant, ni martyre).

On se trouve dans l’entrée des abonnés de ce spectaculaire phénomène architectural commandé par Napoléon III. Du néobaroque néorococo néoclassique? Aucune idée. Mais Aurore nous raconte toute l’histoire de sa création entre 1861 et 1875 sous les ordres du jeune architecte Charles Garnier (qui a pris la peine d’y laisser sa signature, incluant une statue de lui-même en Hermès dans le foyer… en toute modestie). On suit le parcours des abonnés de la haute société du temps. Le foyer, explosion de dorures, est particulièrement impressionnant. Et que dire de la salle, avec son lustre de 7 tonnes, ses loges, ses fauteuils d’orchestre d’où nous voyons des techniciens de scène préparer les décors pour un Faust (de Fénélon). Un énorme crâne trône au centre de la scène… Nos stagiaires, Élisabeth surtout (qui a rêvé d’être ballerine dans son enfance), semblent se plaire tout particulièrement dans ce décor majestueux, mais bon, la vie continue, on ne peut se nourrir que d’art et d’eau (plus ou moins) fraîche, on a besoin de nourritures bien terrestres.

On se dirige donc vers une institution culinaire parisienne : Chartier, un bouillon classique, rue Faubourg Montmartre, là où, dans un décor typique, on se délecte de délices divers (côte de veau normande, pavé de rumsteak au poivre, côte d’agneau, côte de bœuf au roquefort, camembert, chèvre, baba au rhum, île flottantes, mousse au chocolat… Miam!) servis par un modèle de serveur parisien : rigolo, blagueur, rabelaisien…

Restait ensuite à digérer toute cette boustifaille! Ça tombait bien parce qu’on avait justement prévu un « jeu de pistes », des heures de plaisir à chercher des indices partout sur et autour de la butte Montmartre. Sept étapes, vingt questions, un parcours qui oblige à passer dans de petites rues méconnues de Montmartre sur les traces de la faune artistique des 19e et 20e siècles : Toulouse-Lautrec, Renoir, Monet, Zola, Picasso, Dali, Tzara, Modigliani, Nerval, Apollinaire, Braque… et Dalida. Ce jeu de pistes, préparée pour la première fois par une amie de notre Maman pour ses étudiants de Smith College (merci Hélène!), a complètement épuisé les troupes et tout particulièrement l’équipe qui devait suivre les pistes avec un fauteuil roulant… Nos hommages aux deux « pousseurs », Benoît et Élisabeth, qui ont arpenté les côtes à pic (de la bien nommée rue Lepic notamment), monté et descendu des tas d’escaliers, roulé sur d’énormes pavés inégaux, bref ce n’était pas du jeu. Après comptabilisation des résultats au terminus du jeu de piste, au Café des Deux Moulins (oui, oui, celui d’Amélie Poulain), on a déterminé que les gagnants étaient des gagnantes : Greta, Mariève et Joanie se sont en effet méritées une bouteille de rouge, Paris oblige! (bien que Mariève aurait préféré du blanc).

Ragaillardis (un peu) par la pause café, nous avons décidé de descendre les Champs Élysées en partant de l’Arc de Triomphe que seul Jérôme a eu le courage de grimper par ce froid devenu vraiment sibérien. Frigorifiés, épuisés, incapables de l’attendre plus longtemps (Jérôme est un véritable kid kodak qui explore toues les possibilités de sa nouvelle caméra), nous nous sommes dirigés vers la MIJE, où nous nous sommes éventuellement tous retrouvés autour d’un « hamburger steak » (sans pain mais avec des frites…).

Photos du jour

Babette, ballerine à l'opéra Garnier

 Une partie de la troupe des Grands Balais de Maisonneuve

Le bonheur chez Chartier

La Maman (d'Amélie Poulain?)

Sur la piste du jeu de pistes

Sur la piste du jeu de pistes (bis)

Faudra vraiment monter jusqu'en haut?

Devant les Deux Moulins d'Amélie

Des SDF (sans domicile fixe) de Montréal sous l'Arc de Triomphe

 L'Arc, l'Étoile et la Tour


La citation du jour (un dialogue encore)

« Tu viens au musée Bourdelle demain? », demande Élisabeth à Geneviève.
« Moi, je trouve que des musées, on en a fait pas mal! » répond notre Éclopée du tac au tac (faut dire qu’elle avait le cerveau et tout le corps en compote après s’être baladée pendant plus de deux heures sur les pavés, dans les escaliers et dans les côtes de Montmartre sur son fauteuil roulant qui commence aussi à subir les effets de tous ces chocs: on en perd des morceaux!

La gaffe du jour

L’idée d’organiser un jeu de piste dans Montmartre était tout à fait brillante… pour des gens qui n’avaient pas de handicap (autre que mental). Oups.

Distance parcourue

19 088 pP (voir note Jour 5)

mardi 9 mars 2010

Stage culturel à Paris / Jour 5

Dès l’aube, notre Maman se précipite dans les stations de métro parisiennes pour activer nos cartes Navigo qui nous permettront de voyager dans le métro pour le reste de la semaine (et de diminuer peut-être le compte de nos pas). L’opération s’avère cependant plus complexe que prévu, vu que les appareils automatiques refusent systématiquement de charger les satanées cartes sur sa carte après une ou deux opérations. Après plusieurs stations et la collaboration aussi de la carte de crédit du Chef, on finira par y arriver (beaucoup plus tard dans la journée…).

En attendant, on a le temps de faire bien des choses. En commençant par une marche qui nous mènera à nouveau aux origines de l’histoire de Paris : le Musée national du Moyen Âge installée dans un édifice monastique du 15e siècle, l’hôtel de Cluny, jointe aux ruines de bains publics romains du 2e siècle après J.-C, les Thermes de Cluny. On y passe la matinée à admirer des trésors romans et gothiques : vitraux, sarcophages, retables, orfèvrerie, chapiteaux de colonnes, tête de statues (celles de Notre-Dame décapitées pendant la Terreur), vêtements, armes, meubles et, surtout, surtout, le clou de la visite, les fameuses six tapisseries de la Dame à la Licorne qui sont des allégories des 5 sens, tandis que la sixième symboliserait le renoncement à ces 5 sens trop terrestres…

Quant à nous, on ne renonce à rien, surtout pas aux plaisirs des sens : on se dirige en effet ensuite vers le Jardin du Luxembourg édifié par Mary « The Meedysys » pour son bon plaisir aux côtés du palais du même nom (devenu le Sénat). On y admire le bassin octogonal et la fontaine de Médicis, mais le froid « siparisien » qui assaille nos sens depuis notre arrivée nous pousse à chercher refuge. On suit Jérôme (alias le « demi-marathonien », surnom qu’on lui a attribué depuis qu’il nous a sauvé d’une nuit à la belle étoile, hier, en y allant d’un sprint de 3 km pour s’assurer que notre MIJE ne verrouille pas les portes avant notre retour du Studio Galande  à 1 heure du matin!). Le demi-marathonien nous guide (lentement tout de même) le long de la rue Bonaparte en direction de la place Saint-Germain. Après un petit arrêt involontaire devant l’église Saint-Sulpice (qu’on pourrait confondre avec l’église St-Germain quand on ne les a jamais vues…;-)), on repart de plus belle pour atterrir place du Québec, ce qui plaît bien à Joanie (alias la « shoppingeuse »). Puis on traverse la rue pour plaire encore à nos sens : le Café des Deux Magots, rien de moins, et aux frais de la princesse. Réchauffés et comblés par de (vrais!) chocolats chauds pour les uns (c’est-à-dire du chocolat fondu pas du Quick) pour les uns et de délicieux cafés pour les autres, on se pavane sur la terrasse de ce lieu mythique qui a accueilli Verlaine et Rimabud, Gide et Picasso, Sartre et Beauvoir… et maintenant les stagiaires du Collège de Maisonneuve.

Il est temps de se laisser un peu de temps libre. Les uns traversent la Seine pour explorer de nos nouveaux recoins (et de nouveaux magasins!) sur la Rive droite, tandis que les autres restent pour explorer la Rive gauche, incluant la magnifique église St-Germain. On a rendez-vous à 16h45 à Beaubourg où l’on passera du Moyen Âge à l’Extrême contemporain. L’édifice spectaculaire de Renzo Piano épate tout le monde, la vue pendant la montée dans les escalateurs dans le tube d’aspirateur transparent qui monte au sixième offre une vue imprenable sur tout Paris : Notre-Dame, tour Eiffel, basilique du Sacré-Cœur, sans compter le magnifique restaurant Georges dont la vue et le mobilier épatent tout un chacun.

Malheureusement, la visite du musée s’avère décevante. Après un début prometteur, avec l’atelier de Brancusi que nous présente magistralement sa compatriote d’origine roumaine, notre amie Greta (à qui on cherche toujours un surnom), on apprend en effet que l’étage consacré aux modernes (1905-1960) est fermé pour restauration (pas de Picasso, Braque, Dali, Klee, Magritte, Pollock!), tandis que l’étage habituellement consacré aux « contemporains » (c’est-à-dire après 1960 : Warhol, Beuys, Tinguely, Soulages et compagnie) est utilisé pour une exposition thématique consacrée uniquement aux femmes artistes (« Elles »). Bon, on veut pas faire les machos, surtout pas en cette Journée internationale de la femme (oui, oui, c’est bien le 8 mars!), mais disons que l’art conceptuel féminin et féministe n’a pas plu à tous (ni même à toutes). L’appareil reproducteur féminin s’y faisait plutôt… euh… omniprésent… et, hormis quelques œuvres (dont la célèbre Robe de viande de notre compatriote Jana Sterbak), on ne peut pas dire que ce fut un succès d’estime… Nous sommes donc rentrés un peu penaud, le long de la rue Rambuteau, jusqu’à la cafétéria de la MIJE où, pendant qu’on mangeait notre ratatouille, les conversations tournaient constamment au tour du fait que beaucoup de ces œuvres contemporaines formaient aussi, finalement, une forme de ratatouille sans queue ni tête (mais avec d’autres parties de l’anatomie).

Photos du jour

Des dames devant les statues décapitées de Notre-Dame à Cluny

Jérôme fait la croix I (à Cluny)

La Dame à l Licorne

Toute la bande aux Jardins du Luxembourg

Deux stagiaires aux Deux Magots

Deux stagiaires aux Deux Magots (bis)

Trois stagiaires aux Trois Magots

Plusieurs stagiaires aux Nombreux Magots

Greta et son compatriote Brancusi

Babettte magasine les robes de viande (à Beaubourg)

Jérôme fait la croix II (à Beaubourg)


La citation du jour

"Eh! Il y a des kilopascals, pourquoi on n'inventerait pas les pas Pascale, une nouvelle unité de mesure pour calculer nos déplacements dans Paris" (Élisabeth, alias Babette)

La gaffe du jour


Journée sans gaffes majeures… (le Chef se repose).

Distance parcourue


22 076 pP (1)

(1)    Comme on l'a expliqué dans la citation du jour, le pP ou « pas Pascale » est une unité de mesure (semblable au kilopascal) qui permet d’évaluer la distance parcourue par un groupe de stagiaires à partir du podomètre de Pascale. Évidemment, il est possible que certains stagiaires aient en fait accumulé plus (ou moins!) de pP que ne l’indiquent nos statistiques officielles… Geneviève (notre handicapée qu'on a maintenant rebaptisé simplement L'Éclopée, c'est plus délicat), elle, vise 31 pas par jour.